A voir ce samedi 13 mars à 23h20 sur Via Stella. 
« La part du rêve »


« La part du rêve » est l’histoire d’un profond désir de terre qui remonte à loin, non pas tant par tradition que par évidence.
Avec de fortes convictions, comme une manière de remonter à l’archéologie des principes d’un monde plus naturel. Se relier à son rêve devient alors un acte de résistance...


Letizia a décidé de s’installer chez elle vers Lumio, comme agricultrice bergère, en s’affranchissant de la plupart des contraintes économiques et culturelles imposées par tous, d’où qu’ils viennent …


Seule, tenace, résistante et indépendante, elle s’invente avec humilité un chemin buissonnier insolite et indocile pour s’enraciner sur sa terre de Corse.


Derrière ce portrait attachant perce le désir de vivre et de changer, peut-être pas le monde, mais du moins son quotidien pour se bâtir un « horizon de sens ».
Un documentaire réalisé par Jean Froment
Une coproduction France 3 Corse Via Stella / Les Productions du Triton, à voir ce vendredi 5 mars à 20h45 sur Via Stella.
Un documentaire diffusé dans le cadre de la semaine "Nous Paysans"


Présentation du documentaire



Letizia, la bergère corse accro à la liberté

"Je suis trop petite pour être intermittente, trop petite pour être agricultrice et le seul statut que j’ai, c’est le statut de la liberté. Et la liberté, ça coûte cher. Mais on dit aussi qu’elle n’a pas de prix". Letizia Giuntini se présente comme une “petite bergère”. Poussée à quitter la terre de ses ancêtres, elle vit avec ses 35 chèvres dans les montagnes corses de Montemaggiore. Indépendante, Letizia est aussi chanteuse, mais elle est avant tout libre, un combat qu’elle juge “juste, cohérent et sensé”.

La presse en parle...

N.B. Les photos avec les animaux sont des photomontages réalisés à l'aide d'un logiciel de retouche d'images

Letizia Giuntini : Une femme contre le désastre /un film documentaire de Jean Froment


Letizia Giuntini. Chevrière, là où le tout tourisme et tout luxe font la loi. Auteure-compositrice- interprète puissante. Femme singulière et sincère. Guerrière de notre planète terre avec les armes du cœur, la détermination, et beaucoup d’huile de coude…

Jean Froment fait de cette étonnante-détonnante un beau portrait dans son film documentaire, « La part du rêve », diffusé sur Via Stella.

Ça commence par une chanson au volant d’une voiture. Ç a se termine, sur un sentier escarpé, en chantant. Dans l’entre-temps l’histoire d’un rêve incarné dans un coin montagnard de Balagne. Un rêve vécu. Un rêve fragile. Un rêve à recommencer encore et encore.


Au-dessus de Lumio Letizia Giuntini s’accroche à la terre de ses ancêtres. Elle élève vingt chèvres car il lui faut se ménager des moments pour donner des cours de chant, cultiver un jardin dans la plaine de Lozari et travailler sa musique. Pas assez de bêtes, pas assez d’hectares, la jeune femme n’est ni éleveuse ni agricultrice pour les instances officielles. Hors système, elle est néanmoins reconnue sous le libellé : détentrice !

Un quotidien très dur, parce que vivre de ses ressources dans ces conditions n’est pas évident et surtout parce qu’elle subit à longueur de saisons une monstrueuse pression immobilière en raison de l’appétit échevelé de certains pour les résidences secondaires qui dévorent le paysage au détriment d’une agriculture et d’un élevage nourriciers. A cette pression immobilière s’ajoute une stratégie de la tension déployée par d’aucuns pour la faire déguerpir afin de récupérer son bien et de « normaliser » son espace en l’accommodant à la sauce productiviste, le tout assorti de menaces précises et d’obstruction aux droits de passage.

L’indépendance est une denrée rare et quand elle se conjugue avec liberté… elle coûte chère ! Mais Letizia Giuntini n’a pas l’habitude de se dérober. Si elle cultive à l’instar d’un Pierre Rabhi une « frugalité heureuse » elle n’a pas la langue de bois pour dénoncer le fric qui pollue les sites les plus remarquables, la mise à mort de la terre paysanne et ceux qu’elle nomme les « commandants » qui n’ont cesse de transformer en mendiants les gens qu’ils ont l’arrogance de dominer et d’exploiter... Elle alerte sur un état de fait dépourvu d’aménité et de bienveillance qui accule des individus à la dépression et à la révolution. Un état de fait si brutal qui met à mal la société. Au passage la chevrière artiste sait manier l’humour lorsqu’elle conte, par exemple, le bouc évadé du troupeau qu’elle finit par récupérer grâce à … Facebook.

L’accumulation d’obstacles sur sa route va conduire Letizia Giuntini à une conclusion amère : partir. Mais partir ailleurs en Corse, pour un endroit qui ne sera pas un balcon sur la mer.

Avec « La part du rêve » Jean Froment nous offre de superbes images au ton exceptionnel. Saisissant portrait d’une femme qui aime tant ses chèvres et qui est tellement attachée à la création musicale. Il faut écouter les chansons du CD, « Cuccata », qui ne sont pas sans évoquer en langue corse Dylan et Evora. Résultat un protest-song percutant et poétique dans ses sonorités folk-world.

• Sur le site internet : letiziagiuntini.fr, on peut commander l’album, « Cuccata ». « Une part de rêve » est à voir en replay sur Via Stella.


Jean Froment, le réalisateur de « La part du rêve » est l’auteur de superbes documentaires sur la Corse. Comment l’avez-vous rencontré ?

Par l’intermédiaire d’une copine. Jean Froment avait l’intention de faire un film sur des femmes paysannes en pluriactivité. Cette pluriactivité devait concerner la nature, l’artisanat ou la création artistique. A l’origine on devait être deux. Finalement je suis restée toute seule avec beaucoup de choses à dire. Dans « La part du rêve » des mots reviennent constamment dans votre bouche : Liberté. Indépendance. Simplicité.

Quel est celui auquel vous tenez le plus ? Pourquoi ?

Liberté, les deux autres mots lui sont étroitement liés. Liberté, le mot est vaste. S’il est bien interprété, bien employé il rejoint des mots importants comme amour, comme paix. La liberté c’est avoir la conscience et la force de faire ce qu’on veut.

N’avez-vous pas redouté l’intrusion de la caméra dans votre quotidien ?

J’ai commencé par refuser de participer. Je me suis dit au ça allait être une source supplémentaire de problèmes et que le dicton « pour vivre heureux vivons caché » avait peut-être du vrai ! J’ai été convaincu quand j’ai constaté que le réalisateur était d’une extrême sensibilité et qu’il respecterait ma vie. Le tournage s’est déroulé sur une année, on a eu ainsi le temps de se connaitre. Jean Froment a su me laisser la parole et n’a jamais essayé de me faire dévier.

Qu’est-ce qui est si attachant avec les chèvres à qui vous avez donné à toutes un prénom ?

La puissance… La puissance de leur intelligence. La puissance de leur esprit de liberté et d’indépendance tout en ayant une capacité à la docilité et à la compréhension à mon égard. « La société m’est chère. J’aime tout ce qui est humain ».

« La société m’est chère. J’aime tout ce qui est humain ».

Letizia Giuntini

Letizia Giuntini, vos chèvres vous aiment ?

Elles m’aiment et je les aime. C’est réciproque. Entre nous il y a quelque chose qui se rapproche de l’humain bien qu’on reste à nos places respectives. Dès leur naissance je les éduque pour qu’elles comprennent ce que j’attends d’elles et en retour je dois aussi les comprendre. Le soir, je les appelle pour la tétée ou pour manger du maïs. Elles s’adaptent à moi et moi à elles. A la fin du printemps elles gagnent la montagne. Elles redescendent alors pour la traite et repartent dormir là-haut sans que j’aie à intervenir. Pourtant chevrière n’est pas ma formation de base. J’ai simplement regardé faire quelques bergers…

Vous êtes hors système parce que celui-ci n’a rien prévu pour des paysans tels que vous. Mais être hors système ne correspond-t-il pas à votre personnalité ?

Ne pas rentrer dans les cases me correspond. Mais au début ce n’est pas moi qui ai décidé d’être hors système. C’est parce que le schéma officiel m’imposait d’avoir tant d’hectares et tant de bêtes. Or, l’important c’était ma liberté de penser et d’adapter mes besoins à ce que j’avais envie de vivre. En tant que « détentrice » je suis reconnue par le système en quelque sorte. Seulement cette reconnaissance ne va pas jusqu’à m’accorder des droits de passage ou l’accès à des aides.

Parmi les tracas que vous subissez quel est le plus intolérable ?

Ce qui me hérisse le plus c’est qu’on ne prenne pas en considération les petits et qu’on ne leur laisse pas la possibilité d’exister. Ça, c’est le plus injuste pour moi. Ce qui m’horripile aussi c’est qu’à l’école on n’apprenne pas aux enfants le partage et de faire place aux autres.

Quelles mesures à prendre pour sauvegarder ce que vous nommez justement la terre paysanne ?

Avoir une prise de conscience de la vraie valeur de la vie, de l’être humain, de la nature. Tout le monde a le droit d’exister, de s’épanouir… sans être réduit à la mendicité par ceux qui s’arrogent gouverneurs, patrons ou autres. A la fin du documentaire vous annoncez que vous partez de Lumio où la situation est intenable. Ce n’est pas pour autant un constat de défaite puisque vous irez ailleurs en Corse.

Où est cet ailleurs en Corse ?

Du côté de Montemaggiore, Montegrosso. Nous avons trouvé des terrains. Ma compagne fera du maraîchage et moi j’ai un projet de verger. Nous avons commencé à clôturer, à travailler la terre, à installer des poules. Pour les chèvres c’est délicat car il y a de la férule, plante toxique pour elles qui sont tellement habituées à Lumio.

Continuez-vous beaucoup à écrire, à composer ?

Dix-huit de mes chansons sur quatre-vingts sont sur « Cuccata ». Un nouvel album se profilait que le Covid a annulé. Heureusement, il reprend corps. Il sera enregistré avec une formation classique qui fera appel à Celia Picciocchi.

Combien de temps consacrez-vous par jour à vos activités artistiques ?

Ça dépend ! En été j’ai plus de possibilités. Actuellement notre projet de jardin et de verger est très prenant. J’essaie de me dégager au moins un quart d’heure par jour pour les chansons.

Sensibles à la musique les chèvres ?

Quand je chante, elles s’arrêtent de manger pour me regarder. Après la Corse et la terre, c’est d’elles dont me vient l’inspiration. Elles sont mon premier public.

Des réactions après la diffusion du film sur Via Stella ?

J’ai senti du soulagement chez certaines personnes qui se sont retrouvées dans ce que je dis. J’ai aussi apprécié qu’on ne me voit pas comme une marginale… La société m’est chère. J’aime tout ce qui est humain.

• Propos recueillis par M.A-P

Un article de RivistaRobba
Una capraghja d'oghje, Letizia Giuntini


Au petit matin sur une étroite piste en terre au-dessus de Lumiu : des chiens, des oiseaux, un âne et les cloches des chèvres. C’est le territoire de Letizia. Un territoire en bordure de la Balagne, à la marge des lotissements, des plages et des saisons estivales hystériques. Un territoire fragile où les oliviers ont fini par disparaître entre incendies et projets immobiliers. Un territoire où les hommes complices de la nature se font rares.

Scelta

« J’ai fait cinq années d’études à Corte pour être prof, puis j’ai pris conscience que ce n’était pas vraiment ce que je voulais. J’ai réalisé que même si je me donnais à fond pour avoir le concours, je ne pourrais pas choisir où faire ma vie ; ça m’a calmée et je me suis dit : il faut que je reste ici. C’était ma priorité ».
Le grand-père de Letizia était berger, il a laissé un terrain avec un pagliaghju au-dessus du village.
« Il fallait que je fasse quelque chose ici, sur mes terres alors j’ai nettoyé, j’ai rénové, j’ai construit. Et j’ai développé une activité en prenant une vingtaine de chèvres car ici à part des chèvres qu’est-ce que tu peux mettre ? » 
À 35 ans, Letizia a mis en pratique ses idées. C’est sur ses terres familiales qu’elle a décidé de s’installer en s’affranchissant de la plupart des contraintes administratives, économiques.
« Je ne suis pas considérée comme "éleveuse", je suis juste une "détentrice". Pour être considérée comme une agricultrice, il faut 70 chèvres minimum et plusieurs hectares ; en fait, je suis déclarée mais hors-système… Avec les quatre hectares de ma famille cela a été un combat pour m’installer, pourtant ce n’est pas avec mes vingt chèvres que j’allais faire de la concurrence à ceux qui en ont 1500… »

Resistenza

Vingt chèvres, quatre hectares, deux ânes, des fromages : c’est tout petit et pourtant ça dérange.
La marge est insupportable car elle porte en elle les germes d’un autre modèle. Inadmissible.
Pour l’Etat qui n’entend que la norme.
Pour le berger voisin qui ne conçoit que le développement de son exploitation.
Pour le vacancier qui, un mois par an, passe son congé au bord de sa piscine et pour qui le chant des coqs, ou les ânes, ou les cloches font nuisances.
« Je suis juste à 150 mètres de la barrière de villas ultra modernes. Pas facile d’expliquer aux chèvres qu’il ne faut pas marcher sur le rideau électrique de la piscine et que si elles le cassent cela coûtera 15000 euros… »
Déclarée mais hors-système, « détentrice d’animaux » mais pas « éleveuse », Letizia a conscience de s’inscrire à la marge d’une société. Une marge étroite qui ressemble à celle des bergers d’autrefois : des nomades, indépendants, armés, qui faisaient peur aux institutions.

Elle aussi revendique sa liberté et la nécessité d’avancer sans rien attendre de l’État, ou de son entourage qui sous l’influence d’un monde toujours plus globalisé et individualiste a fait changer la Corse.
« Les gros agriculteurs qui veulent tout, c’est un problème aussi, puisque les autres n'ont plus d’espace. Avant, sur le même espace il y avait 20 à 30 bergers, maintenant il n’y en a plus qu’un ou deux, et les autres n’ont plus de place. Les gros prennent tout. »
À ses yeux, le « toujours plus » n’est pas pour la Corse : l’espace comme les ressources y sont limités et il faut que tout le monde vive.
« En Corse il y a un mot "scumpientu", "le désastre". Ici, on a l’impression qu’on a donné priorité au tourisme, de masse et d’exception ; en tout cas, on leur a donné le pouvoir. Quand tu vois que des gens achètent des parcelles énormes de terrain pour bâtir une villa et qu’ils n’y viennent qu’une fois par an. Eux ils brûlent l’herbe et nous on achète du foin. »

Cantà per ùn more


Si Letizia ne veut pas « s’agrandir », c’est qu’être bergère pour elle, ce n’est pas s’en tenir aux chèvres et aux fromages. Letizia écrit, elle chante et donne des cours de chant. Elle participe à la vie de son territoire. Elle y consacre du temps.
« Les chèvres il faudrait les surveiller toute la journée comme à l’époque, sauf qu’à l’époque on les surveillait pour ne pas qu’elles aillent manger les cultures qui étaient un besoin pour toute une communauté. Aujourd’hui il faut les surveiller pour qu’elles n’aillent pas manger les roses de la star d’à côté… »
Et puis il y a ce glissement du sens et de la fonction sociale du métier de berger qui fait « couleur locale », attraction estivale pour touristes. Le berger c’est l’autochtone bourru mais charmant que chaque vacancier VIP se doit de connaître.

Comment tenter de remettre les choses à l’endroit ? À une époque, poser des bombes a pu être régulateur mais cela a atteint ses limites. Alors il reste la parole, ou plutôt la poésie. Les bergers d’antan le savaient bien : s’ils possédaient l’art du fusil, ils maniaient les vers avec autant de dextérité. Ces soi-disant incultes récitaient les poèmes du Tasse, versifiaient la vie courante et c’est bien ça que l’on retient d’eux encore aujourd’hui.
Letizia chante comme elle respire, naturellement, simplement mais entièrement. Dans la veine des « cantastoria », en corse ou en français, elle égratigne ses détracteurs en grattant sa guitare
« Ici c’est moi le patron ! Je possède tous les sentiers, tous les terrains, de la plaine jusqu’aux crêtes. J’ai plus de 700 brebis et je fais même mon foin. Avec mon gros tracteur je fais un bruit de terreur. Parce que moi je suis un vrai agriculteur.
Et ne cherchez pas à vous installer, même si vous êtes tout petit parce qu’ici c’est moi le patron !
Et le ministère me donne raison. Production. Production à profusion, et l’État me soutient. J’appauvris la terre, je suis un homme du désespoir. Ma volonté aujourd’hui ? C’est de prier pour la patronne, la Banque Européenne, c’est elle notre nouvelle Madone. »
Avec humour elle dénonce les diktats asservissants imposés par l’Europe au détriment d’une agriculture plus respectueuse de la terre. Les problèmes du foncier, les constructions menaçantes sur des zones naturelles ou agricoles. Mais elle chante aussi la beauté des éléments, des paysages, et l’amour d’un peuple toujours proche d’un esprit de solidarité et de partage.
Un filmChez Letizia perce le désir de vivre un quotidien pour se bâtir un « horizon de sens ».
Bataille naïve et romantique perdue d’avance ? Prémices d’une autre manière de concevoir, si ce n’est le monde, au moins son monde ? Sa quête de sens souligne les interrogations qui agitent la Corse d’aujourd’hui. C’est pour ça que j’ai choisi de faire son portrait.
Au départ, je voulais écrire un documentaire sur une jeune agricultrice corse ayant décidé de s’installer sur ses terres. Mais même si le berger devenait bergère, j’avais peur de répéter des banalités. La rencontre m’a permis de comprendre et, j’espère, de témoigner.
Ici comme ailleurs, certains travaillent, d'autres rêvent. Et il en est comme Letizia qui s’arrangent pour lier les deux.
Le documentaire La Part du rêve sera présenté au festival Sinecime le 14 novembre.

 
Dimanche 24 Octobre 2021
Jean Froment

Letizia Giuntini dans Corse-Matin

Letizia Giuntini, a voce muntagnola di una pasturella 

Letizia Giuntini - auteure-compositrice-interprète-pasturella

Letizia Giuntini est  une  «petite bergère». C’est ainsi qu’elle se présente, et elle tient à cette formule.
«Je n’ai qu’un petit troupeau de quinze chèvres. Je ne suis pas une vraie professionnelle. Je suis surtout passionnée par la terre et cet animal».
Bien qu’elle confie «faire quelques fromages de temps en temps», Letizia est avant tout musicienne et chanteuse. Et pour la première fois, elle a mis en musique ses paroles.
«Ce sont la musique et le chant qui me permettent de m’exprimer totalement». Le public balanin apprécie la voix et connait la musique de Letizia depuis longtemps. Ils l’ont souvent croisée dans de nombreuses manifestations, toujours accompagnée de sa guitare. Libre et indépendante, elle passe du rock au rythme and blues sans aucun problème, sa technique est au point. Dans ce mélange insolite, tout est lié et cohérent. Aujourd’hui, à 33 ans, a muntagnola di pasturella présente son premier CD d’auteur-compositeur.
Elle explique sa démarche : «Par tradition, les bergers chantent. C’est donc naturellement, en autodidacte d’abord que j’ai approché le chant et la guitare. Puis, grâce à certains groupes comme A Filetta qui m’ont formée, je me suis investie plus rigoureusement dans le chant. Mais j’ai aussi partagé des temps musicaux avec des formations aux univers musicaux variés
Et lorsqu’on lui demande, mais pourquoi tout ça ? Elle dit simplement «je chante l’amour, le respect des êtres et des éléments. C’est une ouverture d’esprit qui est nécessaire, même pour comprendre son ennemi.»

Un premier CD très personnel de 18 titres

Letizia Giuntini - auteure-compositrice-interprète-pasturella

Ce premier album est composé de dix-huit titres où l’évocation de sa Terre est un fil rouge. Elle a écrit et chante des mélodies comme Surgente d’amore, Caprettu sacrificatu, Muntagna ou encore L’ourson bipolaire ou J’suis qu’un maso. Son univers surprend. Les textes sont en langue corse pour la plupart, mais aussi en français et en anglais. L'album Surgente d’amore est aussi le résultat de collaborations entre musiciens. On y découvre le violon de Célia, les percussions de Marjorie et la guitare de Frédo.
L’aventure musicale d’auteur-compositeur est-elle éphémère ?  Letizia Giuntini espère que non. «J’ai encore de nombreux titres en réserve, de quoi faire un second album
Elle souligne «Techniquement, ce n’est pas simple de concrétiser un tel travail. Tout s’est fait très professionnellement, uniquement grâce à des fonds personnels et un bon réseau de collaborations
Une histoire d’amitié et de talents qui conjuguée au présent apporte fraîcheur et authenticité à ce premier album.
A Calvi, Surgente d’amore  est disponible à l’atelier du coutelier Patrick Martin. Manifestement, l'aspect «marketing» du produit fini a été un peu délaissé. «Je ne sais pas encore faire les démarches» lance Letizia avec humour et sincérité.
A suivre…
C.A.


Le journal de la Corse : Letizia Giuntini, nantu à u filu "naturale" di a tradizione

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